La migraine chronique
⚠ Les informations fournies sur ce site ne remplacent en aucun cas celles des neurologues spécialisés. Elles sont destinées à améliorer et non à remplacer la relation directe entre le patient et le professionnel de santé.
La migraine chronique est très invalidante et pénalise le patient dans tous les aspects de sa vie quotidienne tant les répits sont rares, voire inexistants, pour les malades les plus atteints.
Il ne s’agit pas d’une maladie différente : c’est une variation de la migraine.
Elle concerne aussi bien la migraine sans aura que la migraine avec aura, ou même les migraines plus rares.
Le diagnostic repose sur les critères internationaux de l’IHS :
- patient souffrant de 15 jours et plus de céphalées,
- dont au moins 8 jours de migraine,
- et ce, pendant 3 mois consécutifs.
Comment devient-on migraineux chronique ?
La migraine évolue tout au long de la vie et cela peut n’être qu’une de ces variations. Les périodes avec des crises plus fréquentes et les périodes plus calmes peuvent se succéder.
Le seuil de déclenchement des migraines varie à la hausse ou à la baisse. Des facteurs génétiques peuvent aussi intervenir.
Le plus souvent cela s’additionne à des facteurs qui aggravent l’hyperexcitabilité du cerveau du malade migraineux :
- les variations hormonales
- la dépression
- le trouble anxieux généralisé
- l’obésité
- la haute fréquence des crises
- les périodes de grand stress
- le mésusage médicamenteux : prise répétée d’antalgiques, soit plus de 8 triptans et 8 AINS en moyenne 3 mois consécutifs. Plus d’informations dans Les traitements de la migraine.
- l’apnée du sommeil, les ronflements, les troubles du sommeil
- un rythme de vie irrégulier
- l’excès de caféine
- les opiacés
- un traitement de fond insuffisamment efficace.
Ces facteurs (à prévenir) contribuent à maintenir votre seuil de déclenchement à un niveau très haut. Le seuil de déclenchement est le niveau auquel on déclare une crise.
Pour compliquer le tout, plus la fréquence des crises augmente,
plus sensible est le cerveau comme le montrent ces schémas :
Comment limiter les risques de devenir chronique ?
Les facteurs aggravants, point par point :
- Les variations hormonales sont compliquées à gérer. Certaines pilules peuvent être aidantes. La péri-ménopause est une zone compliquée. Le mieux est d’en parler avec la ou le gynécologue. Limiter les autres facteurs pour qu’ils ne s’additionnent pas est une bonne stratégie.
- La dépression est souvent associée à la migraine. La migraine est une maladie qui impacte énormément le quotidien. Des pratiques comme la méditation, de l’exercice physique léger, le yoga ou encore une activité créative peuvent vous aider à faire en sorte que la migraine ne prenne pas le premier plan. Accepter son état est un deuil à faire. La thérapie d’acceptation peut vous aider. Si malgré tout vous n’allez pas mieux, il n’y a aucune honte à consulter.
- Le trouble anxieux généralisé : les pratiques citées dans ci-dessus peuvent vous aider. Il n’y a, là non plus, aucune honte à consulter. Vous avez le droit de vous faire soigner.
- L’obésité. Le mieux est de la prévenir avec une alimentation variée composée de produits non transformés. Faire 15 à 30 minutes de marche chaque jour est bénéfique. De nombreux traitements font grossir certains patients. Il est nécessaire de limiter cette prise de poids à quelques kilos. Si malgré vos efforts c’est impossible, il faut rediscuter du traitement avec votre médecin.
- La haute fréquence des crises. Un des pièges fréquents est d’essayer de rattraper tout ce qui n’a pas pu être fait dès que la crise se termine. Or, nous sommes comme en convalescence de crise. Il faut prendre le temps de se détendre pour récupérer, pour que le cerveau revienne à un état moins sensible. Prenez rendez-vous avec votre médecin dès que la fréquence augmente trois mois de suite. Le calendrier des migraines est le meilleur outil pour suivre la fréquence des migraines.
- Les périodes de grand stress. Personne ne peut éviter le stress. Ça fait partie de la vie. Par contre on peut limiter les dégâts.
- Le mésusage médicamenteux. Il est très compliqué à gérer car il est conseillé aux malades de prendre le traitement dès le début de la crise pour qu’il soit efficace. Or certains malades attendent trop longtemps puis en prennent deux dans la journée alors que ça n’agit plus. D’autres en prennent par anticipation au cas où. Il y a aussi le principe de réalité, il faut aller travailler et en crise c’est impossible. Pour éviter d’être dans la zone rouge, il est primordial de tenir rigoureusement un agenda de migraines. Ce ne sont pas les seules explications. Plus les crises se rapprochent, plus souvent on en prend. A partir de 8 jours de crise par mois soit la limite de 8 triptans, le risque de sombrer dans la chronicité augmente. Il faut consulter dès que possible son médecin.
- L’apnée du sommeil. Il est possible de pratiquer un enregistrement du sommeil. Il existe des solutions, consultez votre médecin traitant.
- Le rythme de vie irrégulier. On peut s’efforcer d’avoir des horaires réguliers : repas, sommeil, prise de médicaments. Des entorses ponctuelles sont possibles. Il ne faut pas non plus tout s’interdire. Apprenez-en plus dans notre article Migraine et chronobiologie.
- L’excès de caféine. De nombreux migraineux le savent, quelques gorgées de café peuvent casser une crise. Mais trop de café peut être catastrophique. Une moyenne de 2 tasses par jour est recommandée.
- Les opiacés. Non seulement ils sont néfastes mais ils créent une grande dépendance. Ils sont l’une des premières causes de mortalité aux USA. S’ils vous sont prescrits, ne prenez que la dose prescrite et sur le temps prescrit. Le mieux est de les éviter.
- Un traitement de fond insuffisamment efficace. L’efficacité des traitements varie au fil du temps. Il est nécessaire de faire un point régulièrement avec son médecin en préparant la consultation pour lui apporter les bonnes informations.
Comment soigne-t-on la migraine chronique ?
Il arrive que la migraine chronique revienne spontanément à épisodique quand elle est due à de simples variations. Parfois un changement de mode de vie peut suffire.
Tout dépend de son origine.
Si manifestement, pendant trois mois ou plus vous avez pris trop de traitements de crise, un sevrage vous sera proposé.
Un sevrage consiste en l’arrêt total de prise de traitements de crise pendant une période. Cela peut se passer à l’hôpital ou à la maison. Vous pouvez en discuter avec votre médecin.
C’est bien sûr un moment difficile. Au bout de 2 semaines les crises commencent à s’espacer. Cela permet de traiter 30 % des migraineux chroniques. Un nouveau traitement de fond est souvent mis en place.
On agit aussi sur tous les facteurs cités ci-dessus.
Les traitements de fond de la migraine utilisés jusqu’ici sont les mêmes que pour les autres types de migraine. Changer de traitement peut aider.
MAIS les traitements ne font pas tout.
Autorisez-vous à prendre soin de vous, à vous offrir des moments de bien-être.
Autorisez-vous à dire non, à ne pas vous sentir coupable pour ce qui n’est pas fait. Essayez de hiérarchiser les priorités, d’aller à l’essentiel. Parfois, il faut changer de loisirs, en faire moins.
Ce n’est pas un échec : c’est écouter ses besoins, ne pas s’oublier.
Si votre corps et votre esprit se sentent pris en compte, ça multiplie vos chances.
Le calendrier des migraines est le seul outil fiable pour surveiller l’évolution de la fréquence de vos crises et la quantité de traitements pris.
Malgré tout, il reste une fraction de malades qui après avoir tout essayé restent chroniques et sans traitement.
Les espoirs
Les anti-CGRP et le BOTOX : deux types de traitements de fond qui ne sont pas remboursés en France en mars 2021. Ils sont indiqués pour le traitement de la migraine sévère et chronique dans le cas des patients en échec de traitements.
Les gépans : de nouveaux traitements de crise qui ne semblent pas présenter les mêmes soucis que les autres traitements. Ce qui permettrait aux patients atteints de migraine chronique de traiter chaque crise. Ils ne sont pas encore disponibles en France en mars 2021.
D’autres traitements de crise, les ditans, existent à l’étranger et sont en attente.
La Voix des Migraineux agit pour obtenir le remboursement de ces traitements : gardez espoir !
Rédigé par Sabine DEBREMAEKER.
Sources :
https://migraineworldsummit.com/
https://sfemc.fr/maux-de-tete/30-recommandations-et-criteres-diagnostics-ihs.html
https://ihs-headache.org/en/
https://americanmigrainefoundation.org/
Mise à jour en janvier 2023