L’acceptation

Migraineuse depuis 40 ans, je me documente évidement sur la migraine et sur la douleur chronique. Ce qui revient souvent dans ces lectures, c’est la notion d’acceptation. Jusque-là, ce mot me donnait des boutons. Comment accepter cette injustice, cette douleur, cette souffrance ? Je luttais.

Un jour, j’ai pris conscience que la migraine finirait avec moi. Jusque là, je pensais pouvoir la juguler. Ça a été un choc. 

Un texte de Marion, bénévole à la Voix des Migraineux.

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Crédit : Alejandro Piñero Amerio – Pixabay

En me retournant sur mon parcours de migraineuse, je me rends compte que j’ai vécu différentes étapes qui me font penser à celles décrites par la psychiatre Elizabeth Kubler Ross concernant le deuil. D’après son hypothèse, vivre un deuil nécessiterait de passer par plusieurs étapes, chacun les vivant dans une temporalité ou avec une intensité différentes.

Pour ma ma part, j’ai l’impression d’avoir vécu pendant des années, le déni. Essayer de vivre normalement, comme si de rien n’était, rester forte, souffrir en silence. Père et grand-père migraineux, la migraine était mon héritage.

Puis il y a eu le marchandage. Allez j’essaie encore ; acupuncture, magnétisme, chiropractie, ostéopathie, étiopathie,énergétique, shiatsu, reiki, méditation, sophrologie, course à pied, traitements de crise, traitements de fonds…

Et puis de la colère. Ce n’est pas juste. Je n’y arrive pas. Personne ne comprend. Je perds ma vie. Je me sens coupable de ne pas réussir à guérir malgré tout ce que j’entreprends.

Et puis de la tristesse. Quel gâchis. Qui aurais-je été sans la migraine ? Qui suis je ? Suis-je devenue la Migraine ?

Et bim ! la dépression. En septembre dernier, je suis tombée au fond du puits. Très profond, très froid, très sombre. 

Aujourd’hui, je me dis que je suis peut-être à la dernière étape avant l’acceptation (ou l’intégration, ou l’appropriation, comme on préfère)… Je crois que je comprends ce que cela signifie. C’est peut-être faire le deuil de ce que j’ai été ou ce que j’aurais pu ou voulu être et prendre le temps de redéfinir mon identité en tenant compte de cette variable importante qu’est la migraine mais qui ne me définit pas. Je ne veux plus qu’elle me définisse. Et je veux être gentille avec moi. Faire taire cette petite voix qui me dit que je suis faible, pas fiable, pas résistante, petite nature, sensible à la douleur, pas aussi bonne maman ou femme ou salariée que je souhaiterais l’être.

Aujourd’hui, je commence à gravir les échelons du puit, je vois la lumière tout en haut. C’est long, c’est lent, c’est dur. Mais j’entends des voix qui m’encouragent. Celles de ma petite famille, de mes amis, de soignants en qui j’ai confiance et de la Voix des Migraineux. 

Et vous ? Que pensez-vous de ces différentes étapes ? Cela vous parle-t-il ? Où en êtes-vous de votre cheminement ? 

Prenez soin de vous.

Mis en ligne le 18 mars 2025